Qualifiée de « maison » ou de « bastide » du XVIe à la fin du XVIIe siècle [1], La Castille voit sa désignation de « château » s’imposer dans le premier tiers du XVIIIe [2]. Cette évolution consacre davantage la fonction de résidence seigneuriale qu’une réelle transformation architecturale. A l’époque, il est probable que le logis de La Castille ne se distingue guère de celui de La Garréjade, autre « bastide » associée à la première dès leurs premières mentions manuscrites.
A l’occasion de l’inventaire après décès de Joseph JEAN (27 janvier 1726) [3], le « château » est décrit comme comprenant, de plein pied, un vestibule, un salon, une cuisine et une chambre ; à l’étage, au nord, une « salle » et une chambre, au sud, deux chambres : on est loin du vaste château de trois niveaux sur rez-de-jardin que nous connaissons aujourd’hui.
Dans le rapport des Sieurs Grassy et Taneron (10 septembre 1731) [4], suite au décès de Pierre JEAN, le château « eu égard en l’état où il est » est estimé à 2.000 livres, soit à peine plus du tiers de la valeur de la cave. Quant à son mobilier, comprenant vaisselle d’argent et ornements de la chapelle, on l’évalue alors à 1.200 livres. Attenant au château, façade sud, un jardin clos de muraille s’étend sur une surface comparable à la cour nord fermée par la cave. Sans que ces cours soient parfaitement identiques, il faut les envisager de part et d’autre d’un logis probablement assez modeste et ancien que refondera profondément la famille de SELLE.
Par leur charge de Trésoriers de la Marine, les SELLE se doivent de résider, et donc de recevoir dignement. A cette fin, ils font construire le château actuel, plus ou moins à l’emplacement du précédent voire avec certains éléments de celui-ci. Ils conservent la cour nord avec la cave et la chapelle, mais détruisent les murs du jardin sud pour lancer les grandes perspectives du parc de plaisance.
On ne sait quand exactement ces travaux furent lancés mais l’essentiel semblait accompli en 1811 comme en témoigne le cadastre napoléonien ci-dessous. On remarque que la cour nord est alors fermée et ne s’ouvre que par le porche qui donnera au XXe accès à la cour du Grand Séminaire. Les grandes allées sont déjà tracées au sud mais apparemment pas aussi boisées qu’aujourd’hui. L’ensemble est largement irrigué de canaux alimentant notamment le moulin à huile sur les bords du Gapeau. Le moulin à farine qui deviendra plus tard Saint-Charles n’existe pas encore.
Paradoxalement, lors de la cession du domaine aux AUBERT entre 1829 et 1831, le château n’est point encore fini, l’acquéreur le parachevant à ses frais, s’il le juge à propos [5]. Quelques années plus tard, le cadastre de 1848 témoignent des modifications effectuées : ouverture de la cour à l’ouest ; construction de nouveaux bâtiments agricoles notamment à l’est (recense à huile, magnanerie, filerie à cocons, distillerie etc.) ; ajout de perrons sur trois faces du château ; construction, à proximité du moulin à huile, du grand moulin à farine alimenté par un nouveau canal relié au Gapeau ; dessin et plantation des allées et jardins.
L’extérieur du château semble dès lors ne pas évoluer beaucoup, son aménagement intérieur continuant sans doute de s’adapter aux exigences des résidents. Après les morts d’Yvonne (1901) et de Marie Suzanne Salomé AUBERT (1906), respectivement fille aînée et mère de Frédéric, celui-ci, qui résidait déjà habituellement à Lyon avec son épouse et son fils, délaisse quelque peu le château jusqu’à sa cession à l’Eglise en 1922.
L’installation du Grand Séminaire conduit à de nécessaires aménagements (sanitaires, chapelles provisoires etc.) mais les vingt-trois chambres rapidement occupées lancent la réflexion d’une extension du château plus apte à accueillir le flot croissant des vocations sacerdotales. Ce nouveau bâtiment est béni par Monseigneur Simeone en 1929 et sa grande chapelle l’année suivante.
[1] Cf. notamment Arrentement de La Garréjade et de La Castille par Jean de Forbin (9 septembre 1684), Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Forbin 557
[2] Première mention du « château de La Castille » dans la prorogation d’arrentement par Louis Palamède de Forbin au profit de Catherine Vidal veuve Chicon (9 juillet 1701), Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Forbin 574
[3] Archives départementales du Var, 3E 61 / 394, fol° 190 r°-194 r°
[4] Archives municipales de Marseille, FF 1215, n° 114
[5] Archives départementales du Var, Conservation des Hypothèques, Transcription d’actes de mutation, 4Q5005, n° 15, 6 février 1830, p. 50
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