Avec l’Avent commence l’année liturgique.
Ce nom d’Avent fut dès l’abord employĂ© pour dĂ©signer la fĂŞte mĂŞme de la NoĂ«l, Adventus Domini, l’Avènement du Seigneur. Depuis longtemps, il ne dĂ©signe plus que le temps prĂ©paratoire Ă cette fĂŞte.
Ce fut le pape Jules I qui le premier rĂ©glementa, en 336, l’usage de cĂ©lĂ©brer le jour de NoĂ«l le 25 dĂ©cembre. NoĂ«l fut dès lors, après Pâques, la première solennitĂ© de l’annĂ©e chrĂ©tienne. De hautes raisons, qui consistaient surtout dans la nĂ©cessitĂ© de prĂ©parer dignement les fidèles Ă cĂ©lĂ©brer les fĂŞtes pascales, avaient fait instituer le CarĂŞme. Les mĂŞmes raisons disposèrent les pasteurs Ă faire prĂ©cĂ©der la NoĂ«l d’un temps de pĂ©nitence et de prière.
La première ordonnance relative Ă l’Avent dont l’histoire fasse mention est de St Perpet. Cet Ă©voque qui siĂ©geait Ă Tours au Ve siècle, Ă©tablit qu’on jeĂ»nerait 3 fois la semaine depuis la St Martin jusqu’Ă la NoĂ«l. Du Ve au VIIIe siècle, tous les conciles particuliers sanctionnèrent cette pratique, d’oĂą le nom de « CarĂŞme de St Martin » donnĂ© aux 40 jours qui prĂ©cĂ©daient la fĂŞte de NoĂ«l. On se rĂ©jouissait mĂŞme Ă la St Martin comme on le fait encore au mardi-gras.
De leur propre mouvement, les chrĂ©tiens des premiers siècles jeĂ»naient très souvent. C’est parce qu’un relâchement se produisit dans cette pratique que les conciles du VIe et du VIIe siècles se trouvèrent d’accord Ă indiquer l’Avent comme un temps de jeĂ»ne et d’abstinence. La plupart cependant ne formulèrent pas rigoureusement le prĂ©cepte ; ils donnaient plutĂ´t un simple conseil.
BientĂ´t mĂŞme, le jeĂ»ne disparut, et l’Avent fut rĂ©duit Ă 4 semaines, ce qu’il est encore aujourd’hui. Nous voyons, en effet, le cĂ©lèbre concile de Clermont, celui qui dĂ©cida la Croisade, Ă©tendre la trĂŞve de Dieu au temps de l’Avent, mais sans prescrire pour ce temps ni jeĂ»ne ni abstinence. Les quatre semaines figuraient les quatre mille ans qui, d’après la chronologie vulgairement adoptĂ©e par l’Eglise, se seraient Ă©coulĂ©s de la crĂ©ation de l’homme jusqu’Ă la naissance de N.S.
Depuis, malgrĂ© les efforts d’Innocent III, d’Urbain V et de Benoit XIV, l’Avent ne nous impose plus d’obligations particulières de pĂ©nitence. Mais ce temps n’en a pas moins toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme Ă©minemment propre aux exercices de mortification. C’est pour cela que, dans certains monastères, l’on couvrait les images en signe de deuil et qu’on cĂ©lĂ©brait l’office avec des ornements noirs.
Aujourd’hui et pour les mĂŞmes raisons, l’Eglise emploie la couleur violette, et supprime le Te Deum Ă Matines et le Gloria in excelsis Ă la Messe. C’est surtout par ces formes liturgiques que l’Avent se distingue du reste de l’annĂ©e.
Ce que nous devons surtout retenir de ce court exposĂ© historique, c’est l’intention de l’Eglise qui veut, pendant ce saint temps, prĂ©parer les fidèles Ă la venue du Sauveur par la pĂ©nitence et des exercices multipliĂ©s de piĂ©tĂ©. Entrons dans cet esprit, et sachons par nos dĂ©sirs et nos prières, attirer en nous l’Emmanuel.
Abbé J. Rauzy.
Source : Semaine Religieuse du diocèse de Fréjus et Toulon, 1902, 29 novembre, n° 48, p. 755-756
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