Processions traditionnelles de la Sainte Baume

22 juillet 2024

Depuis une quinzaine d’années, suite à la fabrication par le Diocèse d’un reliquaire de voyage laissé depuis à la disposition des Frères Dominicains, les dévôts de sainte Marie-Madeleine sont habitués à voir une des principales reliques de l’Apôtre des Apôtres descendre de la grotte de la Sainte Baume pour les rejoindre sur le plateau de l’hôtellerie. Or, telle ne semble pas avoir été la forme traditionnelle des processions de la Sainte Baume comme en témoignent les archives du début du XXe.

Les pèlerinages à la Sainte Baume commençaient dès les beaux jours comme en 1938 (Semaine Religieuse 1938, n° 27, 2 juillet, p. 412-413) où paroisses, familles, pèlerins individuels, mais aussi scouts, J.O.C. et autres groupements de Fréjus, Nice ou Marseille, envahirent la grotte dès les premiers jours de mai en rivalisant de ferveur.

Les processions les plus importantes n’en demeuraient pas moins celles de la Sainte Marie-Madeleine, célébrée sur deux voire trois jours. L’apothéose avait lieu le 22 juillet marqué par trois grandes processions, dont une accompagnant le Très Saint Sacrement, qui convergeaient dans la montée à la grotte où était célébrée une messe pontificale. Ainsi le récit de la Sainte Marie-Madeleine à la Sainte Baume le 22 juillet 1942 (Semaine Religieuse 1942, n° 31, 08 août, p. 265-266) :

Le 22 Juillet, fête de Sainte Marie-Madeleine une grande procession s’organisa après la messe de communion, les cortèges se formèrent : l’un aux Trois chênes, l’autre à Giniez groupant la paroisse du Plan d’Aups, la troisième à l’hôtellerie accompagnant le Saint-Sacrement et suivi par Monseigneur [Gaudel]. Les trois cortèges s’ébranlèrent à la même heure, le signal étant donné par la cloche de la Grotte.

Les chants et les Ave se firent bientôt écho dans toute la forêt devenue comme un temple de verdure. A la canopée, les trois cortèges se réunirent, le Saint-Sacrement déposé sur un rocher comme sur un autel naturel, tout le peuple assis au pied du Christ. Alors s’éleva la voix chaude et remplie de bonhomie de M. le chanoine Bonifay, archiprêtre de Brignoles qui dans la langue de ses ancêtres apprit à ses ouailles l’attitude qu’elles devaient avoir en des temps aussi troublés que le nôtre. Il demanda aux jeunes de faire revivre la race provençale avec toutes ses qualités chrétiennes. De la canopée à la Grotte, il n’y eut plus qu’un seul cortège immense, dont la tête atteignait le sanctuaire alors que la garde d’honneur du Saint-Sacrement commençait à peine à s’ébranler.

A 10 h. 1/2 commence la messe pontificale. La Grotte comble, les enfants grimpés jusque sur les rochers, la messe des Anges fut chantée par toute la foule avec très grand recueillement et un grand ensemble. A l’évangile, le R. P. Danilo, gardien de la Grotte, fit le panégyrique de la Sainte et profita la première visite de Mgr Gaudel à la grotte de sainte Madeleine pour rappeler au peuple la grande grâce qu’est au milieu de lui la présence de l’Evêque. Cette nombreuse assistance, malgré la pénurie des moyens de transport, prouvait combien le pèlerinage de sainte Marie Madeleine demeure cher au coeur des Provençaux. Espérons que d’année en année cet attachement aux traditions s’affirmera encore plus fort et plus que jamais et que, signe de temps nouveaux, il aidera grandement à la renaissance religieuse de notre province.

L’année précédente, les trois jours du « Grand Rassemblement de la Provence à la Sainte Baume » avaient été couronnés par deux processions le 22 juillet, le matin et le soir, la dernière se concluant par une bénédiction de la Provence depuis le parvis de la grotte avec le Très Saint Sacrement (Semaine Religieuse 1941, n° 33, 16 août, p. 266-268).

Ainsi les processions de la Sainte Baume consistaient-elles essentiellement en des montées à la grotte, souvent accompagnées du Très Saint Sacrement, conclues par une messe voire une bénédiction eucharistique. La vénération traditionnelle des reliques de la Sainte Baume supposait de rejoindre sainte Marie-Madeleine en ce haut lieu où elle se serait retirée dans la solitude, le silence et la contemplation.

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